Les vitraux


Les vitraux contemporains de la basilique Notre-Dame de Liesse, totalement recréés (après le bombardement de mai 1940 et les combats de la seconde guerre mondiale) par Jacques Despierre (artiste français, membre de l’Institut de France et de l’académie des Beaux Arts) datent de 1976. Ils sont le fruit de 7 années de pensées et de travail. 

Les épisodes retracés célèbrent la Vierge, l'Histoire Sainte, la foi du peuple de France et ses liens étroits avec les grands ordres religieux et monastiques ayant participé au rayonnement de Notre-Dame de Liesse.

Leur style évocateur et semi-figuratif, dans une unité de tons bleu-jaune-rouge, mérite qu’on prenne le temps de les contempler.

Entrons donc dans la basilique pour un tour de visite, posons notre regard sur ces vitraux.

 

A gauche, les 4 chapelles du bas-côté nord laissent découvrir les vitraux qui participent à leur histoire.

 

 

Vitrail 1 :

Tout d’abord le vitrail des religieuses de Saint-Maur : sur la lancette de droite on aperçoit le Père Nicolas Barré (fondateur de cette congrégation plus communément appelée « Sœurs de l'Enfant-Jésus », ayant pour vocation l'instruction et l'enseignement chrétien des enfants et de la jeunesse) accompagné d’une religieuse assistant deux enfants. A gauche, la révérende Mère Hayer, première religieuse envoyée à Liesse, tient un enfant dans ses bras, une autre religieuse à ses pieds enseigne une fillette.

Si les Sœurs de l’Enfant-Jésus ont beaucoup œuvré avec leur école à Liesse, leur départ n’empêche pas l’accueil encore aujourd’hui de nombreux enfants en ce lieu d’éducation.

 

 

 

Vitrail 2 :

Vient ensuite le vitrail de Sainte Preuve, vierge martyre de la région de Laon vers les Vème ou VIème siècles, il rend également hommage aux prince et princesse De Caraman-Chimay qui habitaient près de Liesse un village portant son nom et qui ont beaucoup œuvré pour le sanctuaire. On aperçoit d’ailleurs leur château avec les fleurs et ifs du parc, ainsi que les armes de la famille De Mun grands parents de la princesse à gauche, celle des Hennessy à droite.

A gauche, Sainte Preuve, vierge en vêtement blanc, tient la palme des martyrs, sous ses pieds les armes de la famille De Caraman-Chimay, à droite la princesse et son mari lui offrant des fleurs de leur parc.

 

 

 

 

Vitrail 3 :

Nous arrivons devant le vitrail dédié à Saint Jean-Baptiste De La Salle et aux Frères des écoles chrétiennes. Il représente la consécration de l’Institut à la Vierge Noire de Liesse après un pèlerinage, depuis Reims, de Saint Jean-Baptiste De La Salle et de 12 frères.

Figurent également leur insigne (l’étoile de la crèche) ainsi que leur devise. 

A noter que les Frères ont remplacé très rapidement par leurs soins ce vitrail, dès 1945, ce qui explique son style différent et les visages dessinés, contrairement aux autres vitraux de la basilique.

 

 

 

Vitrail 4 :

L’ordre du Carmel est bien représenté dans une des chapelles avec le vitrail qui montre à gauche Sainte Thérèse d’Avila et une carmélite en prière, les armes du Carmel à leurs pieds. A droite, Sainte Thérèse de Lisieux avec une autre carmélite en travail, le Char du Prophète Elie (père spirituel du Carmel) au-dessus d’elles.

A noter que cet ordre contemplatif a été bien présent à Liesse depuis 1925 et a notamment participé à la vie de prière de la paroisse. Les carmélites sont parties au début des années 2000 pour rejoindre d’autres communautés plus importantes, les locaux du Carmel accueillent aujourd’hui l’Académie musicale de Liesse.

 

 

 

 

Vient ensuite le grand vitrail du transept nord.

La lancette centrale est consacrée à Notre-Dame de Liesse qui porte Jésus les bras ouverts (en forme de croix) accueillant tous les pèlerins en-dessous. On y voit un malade, une maman reconnaissante de sa maternité (beaucoup de pèlerins viennent en effet se confier à Notre-Dame de Liesse pour demander des grâces, notamment une maternité ou une libération). 

 

 

La lancette de gauche montre tout en haut Saint Jean-Baptiste de la Salle, à ses côtés le savant moine bénédictin Mabillon né dans les Ardennes, ainsi que Madame Acarie ayant introduit en France l’ordre des carmélites réformé par Sainte Thérèse d’Avila.

En-dessous on aperçoit des pénitents blancs, des religieuses, un évêque de Laon.

 

La lancette de droite montre Monsieur Olier, mystique et prêtre français qui fonda la Compagnie des prêtres de Saint Sulpice. Ayant un jour perdu le fil de ses idées pour un sermon très important, il pria Notre-Dame de Liesse de lui venir en aide et son sermon put se faire sans difficulté. A genoux, le pénitent breton Pierre de Keriolet qui devint prêtre après une vie dissolue. Il passa 9 jours en prière au sanctuaire de Notre-Dame de Liesse. 

En-dessous, un pèlerinage ouvrier conduit à Notre-Dame de Liesse par le Comte de Mun et son ami le Marquis de la Tour Du Pin.

 

Face à ce grand vitrail, tournons la tête à gauche puis à droite pour découvrir les vitraux bibliques :

- à gauche : évocation de l’Esprit-Saint par une colombe, puis les noces de Cana, enfin le supplice de la crucifixion ;

- à droite : l’étoile de David avec le « M » de Marie, puis l’ancien testament par l’arche de l’alliance sur les deux lancettes, avec à gauche Anne puis Sarah, à droite David puis Abraham.


 

Puis nous arrivons sur le grand vitrail du transept sud.

La lancette centrale représente les rois Louis XI (venu 5 fois à LIESSE) et François 1er avec son chapeau (venu 7 ou 8 fois à Liesse). Sous eux des vignerons avec leurs grappes de raisin, des fermiers offrant des gerbes de blé, un carrier en hommage aux pierres tirées des grottes du Chemin des Dames non loin de Liesse.

 

 

La lancette de gauche nous présente le roi Louis XIV (venu 3 fois à Liesse) avec, en-dessous, son épouse Marie-Thérèse d’Espagne, accompagnée par Henriette de France, vêtue de bleue (sœur de Louis XIII et tante du roi), qui fut mariée au roi Charles 1er d’Angleterre. Elles sont suivies par les classes bourgeoises, en bas le blason de la famille La Tour du Pin.

 

La lancette de droite nous laisse découvrir le roi Louis XIII (venu au moins 5 fois à Liesse) et son épouse Anne d’Autriche en dessous, venus prier et demander la naissance d’un héritier (Louis XIV) après 23 ans de mariage sans enfant. C’est Marie de Medicis, vêtue de noir, qui se trouve juste à côté (venue 2 fois à Liesse et ayant offert l’arc triomphal entourant l’autel du sanctuaire à la naissance de son fils Louis XIII).

Viennent ensuite les foules populaires et laborieuses. Le blason de la ville de Laon apparaît en bas avec ses trois merlettes.

 

Face à ce grand vitrail, tournons encore la tête à gauche puis à droite pour découvrir d’autres vitraux bibliques :

- à gauche : tout en bas du vitrail c’est Ève tentée par Satan, puis au-dessus c’est l’annonciation avec la Vierge, nouvelle Eve, qui accueille l’ange Gabriel. Au-dessus encore c’est le Magnificat (La Vierge rend visite à sa cousine Elisabeth) puis la présentation de Jésus au temple ;

- à droite nous est présentée l’Apocalypse : une femme enceinte, couronnée d’étoiles et dressée sur un croissant symbolisant l’Eglise triomphante, le dragon est précipité dans l’abîme.


 

Les 4 chapelles du bas-côté sud continuent ensuite à nous enseigner.

 

Vitrail 1 chapelle côté sud :

L’Abbé axonais Jean-Baptiste Billaudel souhaitait voir à Liesse une équipe de prêtres pour aider à la vie spirituelle et à la ferveur de ce lieu marial. Un séminaire (à l’emplacement actuel du bâtiment occupé par le groupe Ephèse) qui fonctionnera de ce fait jusqu’en 1905, fut notamment tenu de 1828 à 1860 par des Jésuites. La chapelle des Jésuites, membres de l’ordre religieux fondé en 1534 et plus communément appelé « la Compagnie de Jésus », rend hommage à cette famille spirituelle par un vitrail montrant à droite son fondateur (Saint Ignace de Loyola) suivi d’un missionnaire de Chine et de l’exégète jésuite-théologien et cardinal français, le père De Lubac, consultant un livre.

A gauche ce sont plusieurs pères éducateur de la jeunesse, ainsi que tout en bas le père jésuite Teilhard de Chardin.

Vitrail 2 chapelle côté sud :

La chapelle suivante, dédiée à l’Ordre de Malte, trouve naturellement sa place dans la basilique en raison du lien étroit qui unit cet ordre à l’histoire de Notre-Dame de Liesse (les 3 chevaliers de l’ordre de St-Jean de Jérusalem, dont le siège se trouve à Malte, sont les fondateurs de l’église). En 1899, c’est dans cette chapelle que les membres français de l’Ordre vinrent apposer une plaque commémorant la constance héroïque des 3 chevaliers héros de la légende de Liesse. On aperçoit justement à gauche du vitrail un chevalier en costume noir de chœur avec la Croix de Malte, protégeant un enfant enlacé par une Dame de l’Ordre. L’enfant donne la main à un jeune asiatique qui, lui-même, donne la main à un indien (qui se partage sur les deux faces), ce dernier la donne à droite à un noir d’Afrique assisté par un chevalier de l’Ordre en uniforme militaire rouge. En bas, les armes de la branche française de l’Ordre et à droite celles de son bailli le Prince Guy de Polignac. 

 

 

 

Vitrail 3 chapelle côté sud :

Dans la chapelle de la famille de Monaco, un vitrail nous laisse découvrir un fond représentant le château de Marchais (situé à 3 km de Liesse) appartenant à la famille des Grimaldi depuis 1854. Ce château fut le lieu de passage des rois de France venant se faire sacrer à Reims ou tout simplement lors de leurs pèlerinages à Notre-Dame de Liesse. Une hôtesse à droite offre le pain, le vin et le sel à un roi et une reine à gauche. Sous eux figurent les armes de la famille des Princes de Monaco ainsi que divers membre (notamment le Prince Rainier et son fils Albert II). 

Vitrail 4 chapelle côté sud :

Enfin le vitrail du diocèse de Soissons-Laon et Saint-Quentin qui nous laisse découvrir toutes les régions le composant : Tout en haut c’est l’abbaye St-Jean des Vignes à Soissons. A gauche,  on aperçoit une des tours de la cathédrale de Laon avec une tête de bœuf, puis un bûcheron avec sa hache pour les nombreuses forêts de la région, ainsi qu’un fonctionnaire représentant la vie administrative. Un ouvrier avec sa quenouille rappelle les filatures et tissages de la région saint-quentinoise, de même figure l’hôtel de ville de St-Quentin. En-dessous le blason d’un évêque de Laon. A droite : une église fortifiée, un éleveur avec son agneau et une tête de bovin symbolisent la Thiérache. Puis les autres régions sont représentées par un homme portant une grappe de raisin et une gerbe de blé, par les croix blanches du Chemin des Dames érigées après les grandes guerres. 

Tout en bas ce sont toutes les personnes ayant impulsé l’œuvre des vitraux de la basilique : le maître-verrier, le Maire de la commune de Liesse-Notre Dame, l’architecte et inspecteur des monuments historiques, le Chanoine Paul Thomas (recteur du sanctuaire à l’époque) avec ses mains jointes, ainsi que la Famille de Francqueville (blason aux couleurs bleue et jaune). 

 

 

Il ne faut pas quitter la basilique sans admirer le grand vitrail de la Pentecôte au-dessus de son portail d’entrée avec ses teintes de brasier rouges (les flammes de la Pentecôte) et jaunes (la lumière) : avec Marie, cause de notre joie, l’esprit saint contribue à réactiver la foi des fidèles et pèlerins venus en ce lieu marial.


Voici donc une description succincte des vitraux de la Basilique Notre-Dame de Liesse qui, nous l’espérons, vous donnera l’envie de venir les contempler sur place.

Pour avoir plus de détails, nous vous invitons à consulter :

- le livre de Bruno Maes, historien local, intitulé « Notre-Dame de Liesse, une Vierge noire en Picardie » ;

- le site internet de Monsieur Jean-Marie Nobécourt donnant davantage d’explications sur l’ensemble des vitraux et dont nous nous sommes inspirés pour la rédaction de cet article.